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Maternité et retour au travail : le grand chamboulement

Après la naissance d'un enfant, la majorité des gens envisagent le retour au travail comme une évidence...Mais ont-il compris tout ce que cela impliquait ?


Devenir mère, un bouleversement physique, physiologique, émotionnel, psychique et social


Devenir mère, c’est évidemment voir son corps se modifier (pendant et après la grossesse) mais aussi être sous l’effet des hormones, voir son cerveau se modifier pour répondre aux besoins les plus primaires de son enfant dès sa naissance.

C’est aussi ajouter une nouvelle identité à toutes ses autres identités sociales (femme, conjointe, enfant de ses parents, professionnelle, spirituelle, amicale…), réorganiser sa vie de couple, de famille et son mode de vie. Cela concerne aussi, on s'en doute, la vie professionnelle.


C’est une période de transition qui est vécue différemment par chaque femme, en fonction des objectifs qu’elle se donne, de son histoire personnelle, des idées qu’elle se faisait de la maternité…mais aussi de ce qui a été vécu lors de la grossesse, de l’accouchement, du post-partum.


Le post partum et ses tabous...

En 2023 (enfin !), les difficultés liées à la parentalité, à la maternité commencent à être exposées : par les professionnels de santé, dans les médias, sur les réseaux sociaux (voir le #monpostpartum qui montre l’autre face du post partum, celle qui n’est pas "instagrammable").


Mais dans cette période de transition, c’est encore tabou d’aller mal lorsqu’on devient parent, de trouver cela difficile voire parfois insurmontable.


On a encore cette idée reçue que la parentalité doit rimer avec "bonheur" …surtout lorsque le bébé est en bonne santé…


Pourtant : la souffrance ou les troubles liés au fait de devenir parent peuvent survenir du désir de grossesse jusqu’aux premières années après la naissance de l’enfant. Cela peut concerner les mères, comme les coparents (dépressions du post partum, accouchement traumatique, burnout parental...).


Petite parenthèse pour les futurs papas : beaucoup de pères prennent leur congé paternité bien après la naissance, souvent pour des raisons pratiques. Or, c’est à ce moment-là que les mères sont le plus vulnérables, au retour de la maternité. C’est aussi le meilleur moment pour se connecter à son bébé et trouver sa place. D’ailleurs, il semblerait que les pères qui prennent leur congé paternité à la naissance soient moins à risque de dépression du post partum eux-mêmes.


Devenir mère…et retravailler


La question de la reprise du travail est un sujet important lorsqu’on devient mère. Il alourdit la charge mentale dès la grossesse (choisir puis trouver un mode de garde est anxiogène et doit s’anticiper…pour demander une place en mairie, il faut parfois s’y prendre dès le 3eme mois de la grossesse…).


On s’aperçoit que la plupart du temps, la question de la reprise du travail n’a pas été un sujet de débat. C’est comme une évidence, un automatisme.


Pourtant, cette reprise est souvent source de stress car la maternité nous change et elle a des répercussions sur la carrière professionnelle. Certaines sont évitables, peuvent être anticipées, contrôlées...d’autres pas.

On ne peut jamais anticiper notre vécu de la parentalité, l’intensité des bouleversements internes et externes, la fatigue liée à cette nouvelle charge physique et mentale.

De plus, de nombreuses croyances autour de la maternité et du travail sont véhiculées par notre société, par notre éducation. Il est indispensable d’identifier ces croyances qui sont, la plupart du temps, inconscientes…mais agissent en arrière-plan et jouent sur notre stress.

L’une de ces croyances toxiques : « penser à sa carrière, c’est délaisser sa famille ». Autrement dit, le travail, les ambitions, les rêves, le plaisir, en dehors de la famille, n’auraient plus leur place après l’arrivée de bébé.



Pourtant (et heureusement), il n’y a pas qu’une seule façon d’être mère et l’identité de mère n’a pas à être l’identité principale de la femme lorsqu’elle a un enfant. Chacune a le droit de vivre les choses à sa manière, en fonction de son histoire, de ses croyances, de son système de pensées, de ses envies.

Certaines souhaitent reprendre leur travail pile à la fin du congé maternité, d’autres veulent le prolonger. Certaines mettent des projets professionnels en attente, réduisent leur temps de travail. D'autres se lancent dans une nouvelle activité, ou s'orientent vers une nouvelle formation. Il n'y a pas de mode d'emploi qui s'applique à tout le monde.


En bref, vos choix professionnels ne feront de vous un bon ni un mauvais parent. Mais ils peuvent faire de vous un parent épanoui, qui trouve dans son travail un lieu de ressources et de valorisation (quand cela se passe bien évidemment).


Le retour au travail...


Avant d'envisager un retour au travail, il y a des tas de choses à gérer dans le quotidien mais aussi des émotions souvent contradictoires (envie de reprendre et ne pas vouloir laisser son bébé) : c’est normal, c’est une période de transition et de réorganisation qui soulève plusieurs questions.


Au niveau pratique : qui a fait notre travail en notre absence ? est-ce qu’on revient sur le même poste – c'est parfois compliqué notamment si un collègue nous a remplacée pendant notre absence ? Le poste doit-il être aménagé dû à la nouvelle organisation (horaires pour aller chercher les enfants ? rdv médicaux à anticiper ? familiarisation à la crèche ?). Le réaménagement doit-il être permanent ou non ?


Au niveau psychologique : une nouvelle identité est apparue, bousculant les autres. Cette identité nous a profondément changée. Cela peut agir sur notre tolérance aux autres événements, on peut être moins motivée (il faut parfois du temps pour se remettre dans le bain, retrouver un rythme). De nombreux mécanismes psychiques sont à l’œuvre pour que l’identité professionnelle se réinvente, retrouve une place.


De plus, la reprise du travail coïncide avec le fait de confier son enfant.

Pour certaines mères, c’est un sujet très douloureux. Le lien de confiance dans le mode de garde n’est pas encore solide, la séparation du matin est souvent difficile, ne plus voir son bébé toute la journée peut être dur à vivre également, il faut retrouver une organisation où, à priori les 2 parents travaillent (la répartition des tâches domestiques et celles liées aux enfants est à réfléchir à nouveau).


Et puis, ce retour au travail peut inquiéter : peur de ne pas retrouver son poste, sa place, sa motivation.

La bienveillance de l’entreprise et des collègues vont jouer un grand rôle dans le vécu de ce retour (la façon dont on est accueillie à son retour, la répartition des tâches, la souplesse….).


Il peut être intéressant de se poser la question : de quoi ai-je besoin pour bien vivre mon retour au travail ?



Et si ça ne fonctionnait pas ?


Dans certains cas, la transition est trop douloureuse, l’organisation du quotidien piétine, ou bien le travail devient un lieu de mal-être...

Il est alors important de se remettre au centre et se poser des questions : ma place est-elle ici ? ai-je d’autres options que je n’ai pas encore envisagées ?


Vous avez probablement, autour de vous, une personne ressource bienveillante qui peut vous aider à réfléchir. Cela peut être votre conjoint.e, un collègue, une amie, un membre de votre famille, ou encore un groupe d’échange sur internet, …


Cette période peut nécessiter un soutien plus spécifique, plus neutre, un lieu pour déposer vos inquiétudes, en dehors de la maison ou du travail. Les professionnels de santé, comme les psychologues, peuvent vous aider.


Et pour tous ceux qui veulent creuser le thème de la parentalité au travail, je vous recommande chaudement le podcast LA REPRISE (je mets le lien Spotify mais c'est disponible sur les autres plateformes).


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